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Conflits entre associés : prévention et résolutions

  • aureliecottray
  • il y a 6 jours
  • 7 min de lecture
Hommes et femmes en conflit au bureau

Les conflits entre associés représentent une réalité fréquente dans la vie des entreprises et peuvent, lorsqu'ils ne sont pas correctement gérés, mener à des situations de blocage préjudiciables pour tous. Que vous soyez en phase de création d'entreprise ou déjà engagé dans une aventure entrepreneuriale collective, comprendre les mécanismes de prévention et de résolution de ces litiges entre associés s'avère essentiel pour la pérennité de votre structure.


La prévention des conflits entre associés


Une répartition claire des rôles


La définition précise des fonctions et missions de chaque associé constitue, sans aucun doute, la première pierre à l'édifice d'une collaboration harmonieuse. En effet, dès la création de l'entreprise, il est fondamental d'établir qui fait quoi, selon quel périmètre de responsabilité, et avec quelle autonomie décisionnelle. L'adaptation des rôles selon les compétences et les attentes de chacun permet, par ailleurs, de valoriser les talents individuels tout en servant l'intérêt collectif de la société.


Un autre aspect crucial réside dans l'identification explicite des décisions nécessitant une concertation préalable entre associés, créant ainsi un cadre de gouvernance transparent et mutuellement accepté.


Prenons l'exemple d'une agence de communication où trois associés se répartissent clairement les rôles : l'un gère la relation client, l'autre la création, et le troisième l'administration et les finances. Cette distribution, formalisée dans un document écrit, permet d'éviter les empiétements territoriaux sources de tensions et de mésentente entre associés.


La répartition du capital


La structure même de l'actionnariat mérite une attention particulière, car elle conditionne souvent la capacité décisionnelle future de l'entreprise. Il est généralement recommandé d'éviter une répartition strictement égalitaire du capital qui, bien que séduisante sur le principe d'équité, conduit fréquemment à des situations de blocage en cas de désaccord. Cette problématique se pose avec des nuances différentes selon qu'il s'agisse d'un conflit entre associés SARL, SAS ou SCI, chaque forme juridique ayant ses spécificités en matière de gouvernance.


La prévoyance invite plutôt à désigner un associé majoritaire capable de trancher en dernier ressort, ou à intégrer dès l'origine une clause de rachat forcé permettant de sortir d'une impasse décisionnelle. Ces dispositions, pensées en amont, constituent une « assurance-vie » pour l'entreprise face aux aléas relationnels inévitables entre associés.


L’anticipation via les statuts et pactes


Les statuts de la société et les pactes d'associés représentent des outils juridiques précieux pour anticiper les potentiels conflits. En y intégrant des clauses spécifiques telles que le retrait d'un associé, le rachat forcé ou l'exclusion dans certaines circonstances prédéfinies, vous posez les jalons d'une gestion sereine des situations critiques. De même, prévoir en détail les modalités de vote, de médiation en cas de désaccord, ou encore les conditions de transmission des parts sociales, constitue une démarche préventive essentielle. Ces dispositions contractuelles, négociées dans un climat de confiance mutuelle, serviront de garde-fou lorsque les tensions apparaîtront.


Un pacte d'associés bien conçu agit comme une véritable « constitution » de l'entreprise, définissant les règles du jeu acceptées par tous dès le départ. Il prévoit les scénarios de crise avant qu'ils ne surviennent, dans un moment où la raison prévaut encore sur l'émotion.


La résolution amiable des conflits


Médiation ou conciliation ?


Lorsque le conflit éclate malgré les précautions initiales, la question de savoir à qui faire appel lors d'un conflit entre associés se pose immédiatement. La médiation ou la conciliation s'impose comme une première étape raisonnable avant d'envisager des mesures plus drastiques.


Cette procédure confidentielle, souvent rendue obligatoire par les statuts avant toute action en justice, permet de préserver la réputation de l'entreprise tout en recherchant une solution acceptable pour toutes les parties. L'intervention d'un tiers neutre et formé facilite le dialogue rompu et aide à formuler des compromis créatifs que les protagonistes, enfermés dans leur confrontation, ne parviennent plus à envisager seuls.


La médiation présente l'avantage considérable de maintenir le contrôle de la solution entre les mains des associés, contrairement aux procédures judiciaires où la décision leur échappe. Dans le cas d'une entreprise familiale traversant une crise successorale, par exemple, le médiateur peut aider à distinguer les enjeux affectifs des enjeux économiques, permettant ainsi des avancées significatives.


Clause d'exclusion


La clause d'exclusion constitue un mécanisme puissant permettant d'écarter un associé dont le comportement s'avère manifestement préjudiciable à la société. Cette disposition, qui doit impérativement être adoptée à l'unanimité pour être valable, fonctionne comme une soupape de sécurité en cas de dysfonctionnement grave. Son existence même dans les statuts peut dissuader certains comportements déviants, sachant que leur auteur s'expose à une sanction lourde.


Il convient toutefois de préciser les motifs d'exclusion avec soin et de définir une procédure respectueuse des droits de la défense, sous peine de voir la décision contestée ultérieurement devant les tribunaux. Cette précaution s'avère particulièrement importante dans le cas d'un conflit entre associés SCI, où les liens familiaux compliquent souvent la situation.


Clause de rachat


La possibilité pour un associé de racheter les parts d'un autre représente souvent une issue élégante à un conflit devenu insoluble. Cette clause, devant être explicitement prévue dans les statuts et approuvée à l'unanimité, doit également détailler la méthode d'évaluation des parts concernées. L'enjeu financier étant considérable, une formule de calcul objective, voire le recours à un expert indépendant, permet d'éviter une nouvelle source de contentieux.


Les sources spécifiques de conflit


Les tensions entre associés naissent généralement de quelques points de friction récurrents qu'il convient d'identifier pour mieux les anticiper et comprendre comment gérer un conflit entre associés.


La répartition des bénéfices représente, sans surprise, une cause directe et fréquente de discorde. Le sentiment d'iniquité entre contribution personnelle et rétribution financière alimente des ressentiments durables, particulièrement lorsque les résultats deviennent significatifs. Un associé travaillant 60 heures par semaine pour développer l'entreprise peut difficilement accepter un partage égal des dividendes avec un partenaire moins investi, même si leurs parts sociales sont identiques.


Les prises de décision majeures, comme l'admission d'un nouvel associé ou la modification substantielle des statuts, constituent également des moments critiques dans la vie sociale. Ces choix structurants, engageant l'avenir collectif, cristallisent les divergences de vision et révèlent parfois des objectifs incompatibles entre associés.


Enfin, les divergences d'opinions stratégiques sur la gestion quotidienne ou les investissements à long terme peuvent progressivement creuser un fossé entre partenaires initialement alignés. L'un privilégiera la croissance rapide quand l'autre défendra une approche plus prudente ; l'un souhaitera diversifier les activités tandis que l'autre préférera consolider le cœur de métier.

 

Les archétypes de conflits d'associés


Certaines configurations relationnelles génèrent des tensions prévisibles qu'il est utile de reconnaître pour mieux les désamorcer lorsqu'on cherche comment gérer un conflit entre associés.


Le cas de l'associé « dormant », apporteur de capital mais non impliqué dans la gestion quotidienne, face à un gérant totalement investi dans l'opérationnel, crée un déséquilibre fertile en frustrations mutuelles. Le premier pourra juger insuffisants les résultats obtenus tandis que le second ressentira comme injuste le partage des fruits de son labeur intensif. Ce type de conflit se rencontre fréquemment dans les SARL familiales, où un conflit entre associés SARL peut rapidement prendre une dimension émotionnelle complexe.


Le gérant qui utilise subrepticement les ressources de l'entreprise à des fins personnelles représente une autre figure classique du conflit sociétaire. Cette dérive, que son auteur justifie souvent par son implication exceptionnelle, constitue pourtant une violation caractérisée du droit des sociétés et peut engager sa responsabilité civile, voire pénale.


Il convient de rappeler que le respect scrupuleux des statuts et du cadre juridique s'impose à tous, même en cas de déséquilibre flagrant dans l'investissement personnel des associés. La solution réside alors dans une renégociation formelle des accords initiaux plutôt que dans des compensations occultes.


Méthodologie de résolution


Un état des lieux préalable


Avant d'engager toute action, la réalisation d'un état des lieux objectif s'impose comme une étape incontournable pour savoir comment gérer un conflit entre associés. Cette évaluation comprend généralement deux volets complémentaires : une analyse juridique approfondie, confiée à un avocat spécialisé, permettant de clarifier les droits et obligations de chacun selon les textes en vigueur ; et une expertise comptable et financière, idéalement menée par un expert judiciaire, pour établir la situation patrimoniale exacte de l'entreprise et quantifier les enjeux du conflit.


Ce diagnostic initial, bien que parfois coûteux, évite de s'engager à l'aveugle dans des procédures vouées à l'échec ou disproportionnées par rapport à l'objectif poursuivi.


Des moyens d'action complémentaires


La question de savoir à qui faire appel lors d'un conflit entre associés trouve différentes réponses selon la gravité de la situation. Plusieurs outils juridiques spécifiques peuvent être mobilisés selon la nature du conflit.


L'expertise de gestion, souvent ordonnée par le juge à la demande d'associés minoritaires, permet d'éclairer certaines décisions contestées en fournissant une évaluation indépendante de leurs fondements et conséquences. Dans un conflit entre associés SAS, cette procédure est particulièrement utile compte tenu de la souplesse statutaire qui caractérise cette forme sociale.


L'expertise de minorité constitue, dans le même esprit, un moyen pour les associés minoritaires de défendre leurs intérêts face à un majoritaire potentiellement abusif, en obtenant des informations cruciales auxquelles ils n'auraient pas facilement accès autrement.


Enfin, dans les situations les plus dégradées, la nomination d'un administrateur judiciaire dans le cadre d'une procédure collective offre une solution temporaire permettant de préserver la substance économique de l'entreprise pendant la résolution du conflit sociétaire.


Conclusion


Les conflits entre associés, bien que déstabilisants, ne signent pas nécessairement l'arrêt de mort de l'entreprise si des mécanismes de prévention ont été judicieusement mis en place en amont, et si des solutions adaptées sont rapidement déployées lorsque la crise éclate. La médiation, intervention d'un tiers neutre et formé, offre souvent une voie privilégiée pour résoudre les litiges entre associés sans compromettre irrémédiablement l'avenir commun.


Savoir à qui faire appel lors d'un conflit entre associés et comment gérer un conflit entre associés constitue une compétence essentielle pour tout entrepreneur engagé dans une aventure collective, qu'il s'agisse d'une SARL, d'une SAS ou d'une SCI. Comme dans toute relation humaine complexe, la transparence, la communication régulière et la formalisation précise des attentes mutuelles demeurent les meilleurs remparts contre l'escalade destructrice des tensions entre associés. L'accompagnement par un médiateur professionnel constitue également un investissement judicieux pour traverser ces zones de turbulence inhérentes à la vie des entreprises.

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